• Rationalisme

  • 1-Les rationalisme classique:

    Avant de me lancer dans l'étude de l'ethnométhodologie, j'ai consacré de longues années à l'apprentissage de la philosophie. L'enseignement que j'ai reçu, à Paris IV, à Paris I et à Berkeley en Californie, n'était évidemment pas monolithique. Derrière la disparité apparente des systèmes, se cachait malgré tout une allégeance généralisée à la pensée de Platon. Non pas que tous les enseignants eussent été des platoniciens de stricte obédience, mais la plupart de ceux que j'ai rencontrés (sauf à Berkeley) manifestait à l'égard du philosophe grec une soumission étonnante. Loin d'être indifférents, ils le prenaient au contraire comme un modèle, comme l'horizon indépassable de la philosophie. On pouvait tout critiquer, mais la coutume du village des philosophes voulait qu'on soit au garde à vous devant Platon. Ce choix n'est évidemment pas étonnant. Platon incarne la domination de la pensée essentialiste, celle qui affirme que les choses doivent être conformes à un modèle idéal. C'est lui qui, avec son interrogation sur les problèmes de la définition, sera à l'origine de la pensée par déduction de concept.

    2-Rationalisme moderne:

    Il en résulte que la raison, contenant des principes universels et des idées a priori exprimant des vérités éternelles, est immuable et identique en chaque homme. C’est en ce sens que Descartes, dans le Discours de la méthode, écrit : « Le bon sens est la chose du monde la mieux partagée », précisant que « la puissance de bien juger et distinguer le vrai d’avec le faux, qui est proprement ce qu’on nomme le bon sens ou la raison, est naturellement égale en tous les hommes ».

    3-Le rationalisme critique

    Le rationalisme critique, issu de l’entreprise kantienne, peut se caractériser par trois traits :

    1- Le renoncement à ses prétentions dogmatiques et métaphysiques.

    2- L’intégration de l’expérience au sein d’une dialectique expérimentale.

    3- La reconnaissance par la raison elle-même de ses limites et de son historicité.

    La synthèse kantienne

    En prend acte dans la Critique de la raison pure. Il y distingue trois facultés :

    La sensibilité ou faculté des intuitions empiriques, par laquelle quelque chose nous est donné.

    L’entendement ou faculté des concepts. Les catégories pures de l’entendement sont les règles qui nous permettent d’organiser a priori l’expérience, par exemple la relation de causalité.

    « Aucune de ces deux propriétés n’est préférable à l’autre. Sans la sensibilité, nul objet ne nous serait donné et sans l’entendement nul ne serait pensé (…) De leur union seule peut sortir la connaissance. »

    Connaître, c’est donc appliquer des concepts à des intuitions, de telle sorte que « des pensées sans contenu sont vides, des intuitions sans concepts, aveugles ».

    -Karl Popper:

     le problème de l'induction (ou « problème de Hume »), et le problème de la démarcation (ou « problème de Kant »), l'auteur précise que puisqu'aucune théorie universelle stricte n'est justifiable à partir d'un principe d'induction sans que cette justification ne sombre dans la régression à l'infini, ceci implique, notamment, qu'aucun énoncé de ce genre ne peut être vérifié sur la base d'un dénombrement d'énoncés particuliers.

    Il s'ensuit qu'il faut donc considérer l'induction comme un « mythe » dans l'élaboration de toute connaissance objective, et que le passage à un autre mode d'évaluation des théories, devient, par cette voie, logiquement nécessaire : si l'on ne peut évaluer le contenu empirique des énoncés universels stricts de la Science, sur la base de leur sous-classe d'énoncés particuliers « permis » par eux, il est par contre possible de les évaluer à partir de tests permettant de confirmer ou d'infirmer l'occurrence d'un seul de leurs énoncés « interdits », ou, comme l'écrit Popper dans La logique de la découverte scientifique, les « falsificateurs potentiels » des énoncés universels stricts.

    Pour Popper, le problème fondamental en philosophie des sciences est donc celui de la démarcation : c'est la question de la distinction entre ce qui relève de la science et ce qui relève de la métaphysique, sachant que pour Popper, son critère de démarcation est avant tout un critère permettant de distinguer deux types d'énoncés : scientifiques et métaphysiques. (D'où, par exemple, son opposition aux thèses du Cercle de Vienne, lesquelles proposaient d'éliminer complètement la métaphysique, « à tous les stades de l'élaboration de la science », alors que Popper défendait l'idée que toute science nécessite, à ses débuts, dans ses engagements ontologiques, des énoncés métaphysiques, lesquels doivent être, soit éliminés « progressivement », soit transformés en énoncés testables).

      « la classe des énoncés qui la contredisent, appelés falsifieurs potentiels (si ces énoncés sont vrais, la théorie est fausse), »

     « la classe des énoncés avec lesquels elle s'accorde (si ces énoncés sont vrais, ils la corroborent). »